«J'serais pas le premier, j'serais pas le dernier à critiquer la société... Je vais virer le Medef à grands coups de grands pieds dans les fesses !» Ce n'est pas l'un des slogans anti-CPE, mais un extrait d'Où va le monde ? une chanson du groupe de reggae local, Danakil. Chantées sur de lourdes basses, ces paroles, pas franchement menaçantes, ont pourtant inquiété la municipalité (UMP) de Marly-le-Roi (Yvelines).
«Où le monde va-t-on», chanson qui fâche M. le maire
Il y a deux mois, Danakil demande à la mairie la salle des fêtes attenante pour y organiser un concert. «Toutes les associations de Marly ont la possibilité d'obtenir cette structure à titre gratuit une fois par an», précise Benoît Burgaud, adjoint à la mairie en charge de la jeunesse. La municipalité donne un accord oral aux neufs musiciens.
Puis la mairie demande les paroles des quatorze chansons qui seront jouées durant le concert. Pour Benoît Burgaud, cette soirée est une stratégie «semi-commerciale» de la part du groupe, puisque Danakil sortait au même moment son premier album. La mairie estime alors avoir le droit de «connaître leur répertoire», se glissant dans un rôle de «semi-producteur», selon Benoît Burgaud. Michèle Luccioni, adjointe à la culture, évoque quant à elle de mauvaises expériences : «Il y a quelques années, lors de la Fête de la musique, un groupe de musique a vociféré des paroles de haine. C'est pourquoi on demande maintenant aux musiciens qui vont jouer les paroles de leurs chansons. On veut se préserver contre les obscénités.»
Les chansons de Danakil sont plutôt gentillettes. Mais Où va le monde ? s'en prend directement au Medef. Et le «patron des patrons ça concurrence le roi des cons» ne passe pas. La municipalité décide d'annuler le concert. Benoît Burgaud évoque «un tout» qui l'aurait conduit à prendre cette décision, depuis les paroles «insultantes» pour les patrons jusqu'au «reggae, qui entraîne la consommation de drogue» en passant par le «service de sécurité monstrueux» qu'il aurait fallu mettre en place.
Amertume. Le concert aura quand même lieu quelques mètres plus loin, à l'Espace jeunes, une petite structure organisant régulièrement des spectacles. «On nous a fait clairement comprendre que nos paroles ne convenaient pas à la salle des fêtes», commente avec amertume Mathieu Dassieu, le saxophoniste de Danakil. Mieux vaut ne pas déranger «l'esprit village», le slogan de la ville.
Même son de cloche pour le Comité d'utopistes ouverts à l'audiovisuel et à la cinématographie (Couac), une association qui souhaitait organiser en juin son festival annuel à la salle municipale. La mairie a à nouveau demandé les textes des chansons qui seraient jouées durant les deux jours de concert. Ce que Mathieu Yakovleff, le président de Couac, a refusé : «Il est hors de question qu'il puisse y avoir un contrôle quelconque sur les paroles !» Couac a finalement refusé d'organiser le festival.
voici un article concernant danakil, paru sur le site de Libé, y'a quelques jours...c'est tout simplement révoltant je trouve!!!Y'a de quoi se demander OU VA LE MONDE???!