Re: Petit délire de bac
Il sagit de savoir si le concept même de dialogue, compte tenu de ses caractéristiques et de ses exigences spécifiques, peut être envisagé lorsquil sagit, comme cest le plus fréquemment le cas, dune rencontre entre interlocuteurs qui se définissent comme porteurs de vérité absolue.
Comment concilier, en effet, une démarche qui suppose écoute et ouverture au discours tant explicite quimplicite du partenaire, impliquant par là même reconnaissance et acceptation de celui-ci, avec la conviction dappartenir à un système de valeurs considéré comme étant le seul vrai, ne supportant aucune mise en question et auquel il convient dêtre rigoureusement fidèle ?
Si la vérité nest, effectivement, pas négociable, encore faut-il garder à lesprit le fait que le rapport à la vérité ne peut se concevoir que dans le cadre dune démarche de liberté. Il faut, dautre part, interpréter ce terme en fonction des différentes cultures dans lesquelles il y est fait mention et où il ne recueille pas nécessairement une même signification.
La vérité a-t-elle été établie une fois pour toutes et est-elle, dès lors, essentiellement à diffuser, dans le cadre dun processus de communication unilatérale, comme le conçoit volontiers la culture occidentale ? Ou sa recherche est-elle toujours active, comme constituante essentielle delle-même et est-elle, dans ce cas, tout autant si ce nest plus, à partager, partage qui ne constitue en aucune manière une négociation ?
Le dialogue nest pas plus une négociation. Il est « une rencontre en vérité avant dêtre une rencontre de vérités ». Scheuer
Tout dialogue véritable est précédé par un moment de silence qui permet au dialogue démerger spontanément
Le vrai dialogue est rendu possible par cet état desprit, cette atmosphère qui nous emmène là où les pensées ont leur source, là où les mots trouvent leur force, où nous nous rencontrons lun et lautre, tels que nous sommes en vérité.